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Contrôler son chien, c'est rassurant

Dans une société où la course après le temps s’accélère sans cesse, nous vivons dans un climat de pression où se poser est un défi. Nous naviguons constamment entre le contrôle et le lâcher-prise dans toutes les sphères de notre vie. Il en va de même dans nos relations, notamment dans la relation avec le chien.


Contrôler son chien c'est rassurant


Le poids des attentes


Premier animal domestiqué, cette relation singulière avec le chien a commencé entre 15000 et 40000 ans selon les continents, et s’est transformé en lien avec les exigences de l’humain. Au fil des siècles, son rôle et sa place ont évolué en fonction de ce que l’humain attendait de lui : chien de chasse, chien de berger, chien de sauvetage, chien d’assistance, etc. Bien qu’aujourd’hui certains chiens de travail remplissent encore une fonction utilitaire, nombre d’entre eux sont devenus des chiens de compagnie.


Ainsi, le statut du chien a évolué vers une dimension sociale. Doté de capacités d’adaptation remarquables, le chien peut désormais cumuler plusieurs attentes, fonctions, voire rôles pour apporter notamment réconfort émotionnel : compagnon de vie, de jeux, de sport, confident, médiateur…


Les attentes de l'humain envers le chien

Il peut également être un moyen de valorisation personnelle comme en témoigne la prolifération des concours de beauté, des compétitions (canicross, agility, mordant,…) ainsi que l’apparition de nouvelles races exclusive les rendant très recherchés.


Le chien s’est adapté avec réussite aux différents besoins et attentes de l’humain. Et pourtant, nous continuons à lui demander de s’adapter davantage et surtout plus vite : savoir rester seul longtemps et tout de suite, être "propre" rapidement, marcher au pied sans tirer sur la laisse courte et sans renifler ni au sol ni ses congénères, faire ses besoins rapidement quand il est dehors, obéir à plusieurs ordres à la fois (assis, pas bouger), rester calme et tranquille face aux diverses interactions, revenir immédiatement à l’appel de son nom...


Dans une société dictée par la culture de l’urgence et du résultat, il est attendu la même chose du chien : qu’il comprenne rapidement, s’adapte vite, voire qu’il devine nos attentes, sans discuter ni émettre un quelconque avis. Nous décidons de tout pour eux à chaque instant. Nous contrôlons tout.


Contrôler ou lâcher prise ?


"Lâcher-prise : moyen de libération psychologique consistant à se détacher du désir de maîtrise". (Définition du Larousse).

Face aux épreuves du quotidien, contrôler ses émotions, son corps, son temps, ses relations, etc. rassure. En effet, nous vivons dans une société basée sur la performance et sur le matérialisme, et dans un monde vécu comme de plus en plus imprévisible. Aussi, la seule maîtrise que nous pensons pouvoir exercer est sur nous-mêmes.


En psychologie, le contrôle est défini comme la croyance que, grâce à nos capacités et à nos actions, nous pouvons déterminer notre propre comportement, influencer notre environnement et/ou provoquer le résultat désiré. Il désigne ainsi des croyances et non la maîtrise effective des situations.


Bien que le contrôle ait pour but d’empêcher de percevoir des sensations pour éviter d’être envahi, cette situation est pourtant coûteuse, car elle maintient psychologiquement et physiquement en état de tension constante.


Loin d’être un signe de faiblesse, le lâcher-prise est au contraire une reconnaissance de ses propres limites et une protection profitable contre l’état de tension.


Lâcher prise signifie que nous acceptons de ne pas contrôler l’incontrôlable. C’est accepter une situation, une perception, une émotion tant positive que négative.


"C’est l’acceptation et l’adaptation aux changements, la capacité à voir la réalité telle qu’elle est sans se laisser dominer par une réalité imaginaire où tout se passerait exactement comme nous l’avions prévu ou imaginé." (Bérengère Baranger, Psychologue)


Face aux injonctions de la société, à la nécessité de faire toujours mieux, d’être plus performants, d’être conformes, plus rentables et d’aller plus vite, nous étouffons. Écrasés par tant de sollicitations, nous perdons de vue l’essentiel : nous sommes des êtres vivants, des êtres en mouvement, tout comme le chien.


Lâcher prise consiste à accepter ses limites et à agir uniquement sur ce qui est à sa portée. Cela permet notamment de préserver sa santé physique et psychologique du "mal des temps modernes" : le stress.


Lâcher, c’est gagner


Lâcher prise avec son chien

Le besoin de contrôle est omniprésent pour reprendre le dessus dans une situation subie. Et pourtant, cette attitude est inutile et néfaste dans la relation avec l’animal. Car le chien est dépendant de l’humain dans toutes les composantes de sa vie : nourriture, balade, rencontre, santé, etc. Il est donc inutile de contrôler ou de vouloir avoir le dessus sur un animal qui est dépendant de nous.


Cette prise de conscience est fondamentale pour se diriger sur le chemin du lâcher-prise. Le chien n’a que nous. Aussi, il n’y a qu’en l’humain qu’il peut avoir confiance pour se sentir en sécurité. L’humain est décisionnaire de la qualité de la relation qu’il souhaite construire avec lui et non l’inverse.


Il est également nécessaire de revoir ses attentes vis-à-vis de soi et du chien qui mettent autant la pression au chien qu’à nous-mêmes dans la relation. Entre ce que le chien doit comprendre, apprendre, faire et ne pas faire, la liste est sans fin et épuisante tant pour l’humain que pour le chien. Comprendre le chien, ses émotions, ses besoins et son langage (sans chercher à penser sa place) permet d’avoir moins d’attentes et donc moins de pression.


Laissons-les vivre une vie de chien au quotidien, tant en balade qu’à la maison. Laissons-les tranquilles faire des choix, vivre des moments d'ennui, de silence, des moments pour lui et avec lui. C'est ainsi que s’opère et se renforce la construction d’une relation harmonieuse sans pression.


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Relation humain-chien

Le chien, animal à la fois familier et méconnu, s’évertue à répondre aux nombreuses exigences humaines, souvent incompréhensibles pour lui, par le biais de comportements, parfois gênants pour l’humain. Le lâcher-prise est le moyen de parvenir à une relation sereine, apaisée et équilibrée avec le chien, car il possède la particularité de s’abstraire à l’effort, à la pression, et au besoin de contrôle oppressant du quotidien. Parce que le chien est dépendant de l’humain, nous détenons les clés de l’harmonie relationnelle avec lui.

 

Par Fabienne Bonaldi de Place aux Chiens – Comportementaliste Éducatrice canin


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