Chaque propriétaire de chat a pu constater que leur compagnon, pourtant bien domestiqué, pouvait faire preuve de certaines réticences aux règles établies dans la maison. En effet, tout ce que l’Homme aimerait inculquer au chat est, par nature, assez délicat puisque deux espèces différentes se côtoient dans un environnement est souvent mal adapté aux félins. Gwendoline LE PEUTREC-REDON, comportementaliste spécialiste des relations Homme/Chat décrypte ces comportements indomptés et nous donne quelques pistes pour faire au mieux.
Vous avez dit territorial ?
Le félin est une espèce particulièrement différente de la nôtre dont il était assez peu probable qu’il devienne un animal de compagnie. En effet, à la base notre chat domestique (felis silvestris catus) descend du chat sauvage et cela ne fait que 10 000 ans que les premières domestications ont commencé. A la base purement utilitaire puisque les hommes ont accepté la présence des chats uniquement pour protéger les premières cultures céréalières des rongeurs, ce rôle s est longtemps perpétué jusqu’ à ce que l Homme y voit un intérêt affectif.
Le chat s est donc lui aussi rapproché de l Homme car il y trouvait une réserve de nourriture facilement accessible et quantitative, on dit alors que c est un commensal.
Ainsi, la cohabitation rapprochée semblait particulièrement délicate car le chat est un animal solitaire et l’Homme est une espèce avant tout sociale. Comment alors peut-on envisager des relations rapprochées quant un passe son temps à délimiter son milieu de vie et à le défendre des autres congénères quand l’autre a nécessairement besoin de s’établir en groupe et créer des relations sociales plus ou moins hiérarchisées ?
On a longtemps dit que le chat était un animal territorial, et sans être faux dans l’approche, la définition ne cadre finalement pas avec le fonctionnement du chat. Un animal territorial défendrait son territoire de manière exclusive et permanente, or nos chats savent très bien tolérer certains de leurs congénères et autres animaux dans leur domaine de vie…
La longue et progressive proximité recoupée d’intérêts communs a donc fini par aboutir à une domestication du chat presque parfaite. Cela était sans compter que l’Homme rempli d’anthropomorphismes aurait beaucoup de mal à intégrer que domestication ne veut pas dire transformation des comportements spécifiques à l’espèce féline.
Quand le chat fuit !
Quel désarroi pour certaines personnes de constater que Minet s’échappe en courant lorsqu’on cherche à le câliner ! Nous, qui lui donnons pourtant tant d’affection, de soins, lui offrons le gîte et le couvert, que d’ingratitude ! Alors même si chaque chat est différent et que certains se prêtent volontiers à ces échanges affectifs, la nature même du félin ne lui confère pas ce besoin d être câliné à outrance.
Le chat n’est pas un animal social même s’il existe une certaine socialité lorsqu’il vit en groupe avec les humains, des congénères ou autres animaux. Ainsi, il faut comprendre que les câlins que nous lui procurons sont souvent excessifs, faits à des moments inopportuns et sont souvent des réponses à des comportements du chat lui-même mais qui sont mal interprétés par les humains : un chat qui vient se frotter à vos jambes, se poser sur vos genoux en ronronnant fortement, ne sont pas des requêtes affectives mais bien le dépôt de phéromones (servant à inscrire son odeur apaisante) et la volonté d’installer sa présence à vos côtés alors que vous êtes sur son domaine de vie. Cela sera également un renforcement des liens unissant les cohabitants tout au plus.
Les caresses, pour être appréciées par les chats, doivent être peu intenses, durer peu de temps et faites là où le chat les apprécie. Cela varie selon les chats mais le dessus de la tête et le cou sont des zones souvent appréciées.
Je t ai dit « non » !
Combien de « bêtises » faites par nos chats se reproduisent malgré nos tentatives d’apprentissage ? Descend de la table, ne monte pas sur le lit, ne vole pas de nourriture, ne fais pas tes griffes sur le canapé, rentre quand je t’appelle, viens quand je t’appelle, laisse-moi dormir, arrête de miauler derrière la porte…
Si les propriétaires ont l’impression que Minet n’en fait qu’à sa tête, qu’il le fait exprès ou qu’il se venge c’est parce qu’ils ne comprennent pas la cause du comportement et souvent cherche à l’annihiler au lieu de le rediriger.
Un comportement exprimé a toujours lieu d’être et si on le restreint, il s’exprimera d’une façon ou d’une autre. Le souci c’est que la réaction des humains est disproportionnée ou inadaptée et elle implique des circonstances aggravantes.
Le chat produit des comportements cherchant à attirer l’attention, lui apportant de l’activité, lui permettant de reproduire des comportements naturels (prédation, marquage, exploration), d’exprimer un stress ou une frustration et ainsi, de la réaction que cela produit sur l’environnement, il fera des apprentissages.
Ainsi, pour savoir comment permettre à votre chat de s’exprimer sereinement, il faudra comprendre la cause de son comportement et adapter vos réactions et non-réactions en fonction. Chaque chat étant unique (de par ses expériences passées), un même comportement n’aura pas les mêmes causes et donc la façon d’agir en sera d’autant plus individualisée. Evitez les forums sur Internet ou les conseils de la voisine, faites-vous aider par un comportementaliste compétent.
Toilettage et baignoire, même combat ?
Beaucoup de personnes se demandent comment elles peuvent laver son chat sans que cela ne finisse par des cris atroces, des griffures et une jolie mare dans la salle de bain ! Un chat passe presque un tiers de son temps à se toiletter chaque jour, le bain devrait donc être apprécié. Or, le toilettage est un comportement de confort qui permet au chat de reproduire un rituel apaisant, de débarrasser son pelage des poussières, de déposer son odeur rassurante. Le bain est assez traumatisant car les chatons n’ont jamais été habitués à ce contact, à se retrouver coincé entre 4 murs et sentir leur pelage s’alourdir…
Le bain enlève en plus la pellicule protectrice de la peau des chats, leur odeur, ils sont démunis… La température corporelle des chats étant de 38° à 38,5°, l’eau est ressentie plus froidement (il ne s’agit pas non plus de mettre l’eau à 40° en pensant résoudre ce problème).
Vous noterez également qu’après le bain, votre chat passe beaucoup de temps à se sécher en se toilettant frénétiquement : il redépose son odeur et s’apaise face à cette expérience désagréable. Ne baignez donc pas votre chat ou alors qu’en situation extrême.
Pourquoi bave t-il ?
Vous aurez peut-être remarqué que votre chat bave plus ou moins abondamment lorsqu’ il malaxe avec ses pattes. Cela est un grand moment de confort et de bien-être pour lui correspondant à des réminiscences de comportement infantile. En effet, lorsqu’ il est chaton, celui-ci stimule les glandes mammaires productrices de lait de sa mère en malaxant les mamelles. Assimilé bien sûr à un plaisir intense de nutrition, de confort, de chaleur, le chat a tendance à reproduire ce comportement. Cela provoque des émotions tellement intenses, que certains en bavent car les glandes salivaires sont directement liées à cette émotion. N’empêchez surtout pas votre chat de pâtonner, ça serait dommage…
Difficile de le soigner
Les soins et les prises de médicaments sont aussi très délicats car le chat ne fait pas le lien direct du soin qu’on lui apporte mais perçoit surtout qu’il est forcé de subir quelque chose de désagréable. Quand il est chaton, essayez de lui apprendre jeune à avaler des comprimés en lui offrant des pastilles-friandises, la tâche n’en sera que plus aisée par la suite. Pour les adultes forcenés, procédez toujours avec calme, par petites doses (pour épointer les griffes et le brossage), associez ce moment à quelque chose de très positif (friandises/jeu…) pour que le chat apprenne que s’ensuit quelque chose d’agréable.
Plus vous serez vous-même énervés, ou tenterez de le forcer à outrance plus l’association sera négative et renforcée à chaque tentative.
Minet est un fin gourmet
Là encore, si le chat est habitué dès son plus âge à une nourriture saine et adaptée (croquettes à volonté, sans céréales et avec des protéines animales de haute qualité ainsi que de la pâté humide), il sera en général comblé par sa nourriture. Selon les expériences passées (maladies souvent ou dérèglement des prises alimentaires) alors la donne change. Il y a aussi la transmission des préférences alimentaires de la chatte gestante à ses fœtus : si le chaton n’est pas habitué rapidement à une nourriture variée à sa naissance, il risque de n’apprécier que le même genre de nourriture que sa mère aura reçu.
Veillez à ce que sa nourriture soit fraîche et que votre chat puisse se sustenter dans un endroit calme.
Pour résumer, le chat reste une espèce bien différente de la nôtre et il agira en fonction des comportements spécifiques à son espèce. Le comprendre ou être aidé pour le comprendre est le meilleur moyen de respecter ses besoins et ce qu’il est profondément. Ainsi une harmonie cohabitationnelle s’installe et tout le monde est content !
Gwendoline LE PEUTREC REDON, comportementaliste spécialiste du chat et formatrice Animautopia
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